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espaces de cultures ,anthropologie,philosophie,voyages... suiveurs de pistes,de saisons ,leveurs de campements dans le petit vent de l'aube ; ô chercheurs de points d'eau sur l'ecorce du monde. ô chercheurs,ô trouveurs de raisons pour s'en aller ailleurs"... saint john perse .anabase. accueil archives profil s'abonner samedi 12 mai 2018 « temps de l’ancêtre et temps de l’inca ».la mythologie des indiens shipibo(2) notes: l a mythologie est illustrée ici par des peintures chamaniques obtenues sous ayahuasca un puissant psychotrope. il existe ainsi tout un art reproduisant les visions chamaniques.le psychotrope a par ailleurs contribué à une véritable mode occidentale du chamanisme qui doit être discutée. celui ci peut-il de façon authentique s'exporter en dehors des cultures amérindiennes, asiatiques, inuit, australiennes où ,comme on le voit chez les shipibo, il repose sur tout un système de pensée traditionnel et un ensemble de mythes permettant dans ces cultures une compréhension collective de l'existence et non une aventure personnelle. le chamanisme est inséparable de la pensée animiste trop longtemps méprisée chez nous et qui mérite en effet d'être revisitée(cf les articles de ce blog) mais comme leçons possibles sur les rapports écologiques humains/non humains(animaux et flores) et non comme accès individuel à un "ailleurs" qui n'a pas le sens que lui donnent les divers "new age". chaque lecteur pourra s'en faire sa propre idée en regardant la video ci-dessous et les thèses de jérémy narby, auteur controversé du serpent cosmique.c'est la même remarque concernant l'ayahuasca employé toujours dans les cultures amérindiennes au sein de rites collectifs qui en neutralisent les effets les plus dangereux. ….« en résumé, la mythologie shipibo constitue un ensemble hétérogène qui, pour reprendre j.p. vernant, « déborde le domaine de l'activité mythique ; il exprime la totalité de l'expérience sociale ; il est tout à la fois l'instrument, le véhicule, la manifestation d'une culture verbale ». pour le dire rapidement, nous pourrions y inclure : - les mythes d'origine proprement dits, dont nous venons d'énoncer les figures fondatrices capitales ; - des récits historiques qui nous informent sur l'organisation sociales des populations selvatiques et sur l'événementiel que la mémoire du peuple a conservés et mythifiés ; - des récits fantastiques où évoluent des êtres extraordinaires : monstres aquatiques ou sylvestres, gigantesques, effrayants, friands de chair humaine, toutes formes imaginaires de la terreur. - des fables, proverbes et anecdotes, - enfin les chants de cure chamanique qui relatent le voyage onirique du muëraya . » pierrette bertrand-ricoveri .op.cité. (c'est moi qui souligne !) globalement les mythes shipibo tracent un espace où il est relativement aisé de distinguer , de façon binaire une opposition nette entre la forêt profonde ( nii mëran ) , et le village ( jema ). domaine d'une faune et d'une flore inquiétante , la forêt est l'habitat privilégié des divinités qui envoûtent pour aider , pour guérir comme pour tuer . a moins d'être chasseur , l'homme ne s'y aventure pas seul . c'est véritablement le monde de l'ailleurs, étrange et étranger , insolite et dangereux , menaçant , terrifiant et fascinant à la fois par le mystère qu'il recèle les hommes vivent entre eux , les fauves , les défunts de leur côté , et les dieux du leur . le mythe illustre et répète cette séparation dans une volonté d'ordonner ,de classer , de limiter et de distinguer. la promiscuité avec « l'autre », celui du « dehors » existe toujours dans l'habitat ou la chasse par exemple mais elle est vécue comme angoissante. le shipibo n'a donc de cesse de la contenir et de la contrôler cette opposition entre l'étrange et le familier est nuancée par l'existence d'un espace intermédiaire . entre village et forêt se situe la terre des jardins — huai —, moins rassurante que le village totalement humanisé, et visitée par les animaux, les yoshin, les revenants. c'est une aire plus familière, participant à la fois de la forêt et du village . autour des points d'eau ,à proximité du village et en général le long du fleuve, non loin de l'embarcadère . a la lisière du bâti et de la zone forestière , cette aire déjà humanisée , et parcourue de part en part , n'est pourtant jamais totalement exempte de danger . fréquentée régulièrement par les humains pour les tâches quotidiennes , certains animaux l'affectionnent . c'est le cas de cohortes d' oiseaux variés , dont le vol et les chants annoncent les présages , celles des singes hurleurs friands de graines et de fruits , la faune prédatrice de maïs et de tubercules , autant de visiteurs qu'il ne convient pas de tuer , ni de s'approprier de manière inconsidérée sauf à s'exposer en cas d'exploitation intense à la vengeance des « esprits ». « quelquefois, même les défunts se plaisent à hanter les parages , mus semble - t - il davantage par le désir de retrouver les personnages qu'ils ont aimés , que par le souci de leur nuire . entre l'espace du « village étendu » et la sylve lointaine avec laquelle une trop grande promiscuité ne saurait être concevable , il est donc , un lieu intermédiaire qui vient quelque peu moduler la polarité énoncée . cet « espace transitionnel est plutôt une sorte de pont par où s'effectuent les échanges . les passages ne cessent guère : de même que le « sauvage » peut être domestiqué , regagner le village grâce à l'intervention de l'homme , de même , les « bëi » des défunts vont emprunter ce chemin pour leurs errances diurnes dans les parages des foyers , et les hommes s'y engager afin de s'aventurer dans l'univers fascinant des esprits et des fauves » . pierrette bertrand-ricoveri .op.cité les mythes opposent ainsi , au jeu du « dehors et du dedans ,face à la grande foret, le village ou la maison domaine de la femme. l'organisation spatiale structure aussi les rapports et les actions des femmes et des hommes c'est elle qui récolte les produits de la plantation et même les fruits sauvages. le manioc, le maïs, l'arachide, la banane, le coton et même le « mashe » plante qui donne la couleur du maquillage . elle bine et sarcle les champs, tisse les vêtements de tous, va au bois et à l'eau dont elle assure les réserves dans le foyer de cuisine où s'alignent les jarres et les pots divers, qu'elle a confectionnés elle-même pendant . la « saison de soleil » (saison sèche). tout en vaquant naturellement aux activités quotidiennes, elle veille sur les enfants et toujours se tient prête pour accueillir le mari, au retour de la chasse ou de la pêche, ainsi que tout visiteur de passage. elle a fabriqué à cet effet une bière de manioc doux ou un jus de bananes mûres), qui, toujours offerts lors d'une visite , manifestent l'accueil , ritualisant la bienvenue, les retrouvailles, la rencontre tant au niveau familial qu'à l'échelon plus élargi du social. par-là, l'épouse garde ainsi un rôle actif dans le système social du don ; mais son périmètre reste limité à l'orée de la foret ,aux abords du village ou les bords de rivière . « « en somme, le discours mythique la voit surtout « dedans » ce qui est aujourd'hui encore, le vécu ordinaire et traditionnel . son univers à elle, c'est avant tout l'espace social défriché, l'espace humanisé, contenu, limité, l'espace masculin reste pour une part celui du village où s'accomplissent des tâches collectives , (par exemple défricher, couper des arbres, opérer des brulis) . mais l'homme ne cesse de franchir les limites rassurantes pour affronter l'ailleurs, à la chasse ou à la pêche . la foret comme un lieu d'épreuves dont il faudra sortir vainqueur : savoir capturer le gibier ,bien sûr, avec des dangers palpables de rencontrer des prédateurs ; ce qui qui mobilise tout le savoir des chasseurs . la chasse dans les sociétés traditionnelles reste l'établissement d'un collectif humain / non humain (chez les shipibo elle été enseigné aux humains par « ino » le maitre jaguar,dont il faut imiter les m